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Version 3.20

Quand la coloc vire au cauchemar
J’ai toujours eu un faible pour les boîtes de jeux kawaii, bien colorées, avec des illustrations trop mignonnes qui donnent envie de les acheter rien qu’en les regardant. C’est d’ailleurs ce qui m’avait attiré vers Happy Corgi, du même éditeur. Mais malgré son look craquant, j’avais été un peu déçu à l’ouverture : c’était mignon, oui, mais vraiment très léger côté jeu. Si ça vous intrigue, j’en parle plus en détail dans le test dispo sur mon site.
Du coup, quand j’ai vu Room Share, j’étais à la fois tenté et un peu méfiant. Encore une boîte adorable, un thème décalé, des couleurs flashy… mais est-ce que ça allait vraiment tenir la route une fois sur la table ?
À la fin de ma première partie, j’étais encore en train de me poser la question. Et puis, sans trop y réfléchir, j’en ai lancé une deuxième. Et là, les dynamiques entre joueurs, les choix absurdes, les petites crasses… tout a pris forme.
Autant vous dire sans détour : je l’aime bien, ce petit jeu. Il ne révolutionne rien, mais il a ce petit quelque chose qui donne envie d’y revenir. Et clairement, je ne m’y attendais pas.

12 pages de règles… Pour la taille de la boîte, je trouve que ça fait un poil trop. À première vue, ça peut rebuter : visuellement, il y a peu d’espace, beaucoup de texte, et ça ne donne pas forcément envie de se plonger dedans. C’est dommage, parce que malgré tout, j’ai quand même dû faire plusieurs allers-retours dans les règles pendant mes premières parties.
Le jeu propose des « variantes », mais soyons honnêtes : il s’agit simplement d’ajouter une carte Appartement qui rapporte 3 points, ainsi que deux cartes Événement supplémentaires. Franchement, autant les inclure d’emblée dans la mise en place ! D’autant plus que les effets des cartes sont écrits noir sur blanc sur chacune d’elles, pas besoin de se référer sans arrêt au livret.
Et ça, c’est un vrai bon point : ces variantes n’alourdissent pas les règles elles rendent même le jeu plus fun, plus dynamique,… et un peu plus bagarreur, surtout quand tout le monde vise le fameux appartement royal à 3 points.
Votre mission est simple : placer le plus de vos vos meeples dans des appartements où ils peuvent faire des économies. Pour cela, il faut viser des appartements occupés exactement par 3 personnes. Mais attention : au moindre locataire en trop, le proprio débarque et tout le monde se fait expulser !
À votre tour, vous allez faire 5 étapes simples
Vous jouez une carte de votre main (soit une carte Clé, soit une carte Événement).
Vous appliquez son effet :
- Si c’est une carte Clé, vous choisissez un appartement contenant déjà un meeple de la même couleur que la carte, et vous placez l’un de vos meeples sur une flèche libre de cette carte.
- Si c’est une carte Événement, vous suivez ce qui est écrit dessus (expulsion, échange, bonus…).
Si un appartement se retrouve avec 4 meeples, le proprio n’est pas content : tout le monde est expulsé ! Les meeples sont alors déplacés vers les cartes adjacentes selon la flèche sur laquelle ils étaient posés.
Et s’il y a à nouveau 4 meeples dans une carte voisine ? Eh bien… nouvelle expulsion ! On appelle ça une réaction en chaîne, et ça peut vite devenir chaotique !
Vous piochez une nouvelle carte pour avoir de nouveau 3 cartes en main.
Et hop, c’est au joueur suivant. Simple non ?
Quand la fin de partie arrive...
La partie s’arrête dès qu’un joueur a posé tous ses meeples. Mais attention : les autres ont droit à une dernière chance. Chacun, dans l’ordre du tour, peut encore poser un meeple sur une carte contenant déjà un meeple de sa couleur (et où il reste de la place, bien sûr).
Ensuite, on compte les points !
1 point par meeple dans un appartement classique avec exactement 3 colocataires.
2 points par meeple dans une suite avec 3 personnes.
–2 points par meeple dans un appartement hanté, peu importe le nombre de colocataires.
3 points si vous êtes dans la fameuse suite royale, mais toujours avec 3 locataires pile.
Les meeples neutres ou restants ne comptent pas. En cas d’égalité, celui qui a le moins de meeples non joués gagne.



Le jeu revendique un certain chaos, et il l’assume pleinement ! Dès qu’un appartement est plein, c’est-à-dire qu’il contient 4 meeples, tous les habitants sont immédiatement expulsés sur les cartes adjacentes. Et bien sûr, si l’un de ces appartements devient à son tour surchargé… rebelote ! Cette réaction en chaîne peut vite devenir incontrôlable, et c’est précisément ce que je trouve génial dans Room Share.
Alors oui, il faut un peu réfléchir, mais on est clairement loin d’un jeu de pure stratégie. Le cœur du gameplay, c’est surtout de bien assurer ses arrières quand on place un meeple : éviter de finir dans un appartement qui fera perdre 2 points en fin de partie, par exemple.
Peu importe que vous jouiez à 2 ou à 4, vous devrez utiliser les 36 meeples fournis dans la boîte. À deux joueurs, ça devient un peu plus tactique : chacun contrôle deux couleurs, une qui comptera pour le score final, et une couleur neutre, qui n’en rapportera aucun. C’est tout bête, mais je trouve que ça fonctionne très bien dans ce type de jeu.
Et parlons justement du scoring : vous ne marquerez des points que sur les cartes Appartement contenant exactement 3 meeples. Autant dire qu’il va falloir surveiller le moindre mouvement…
Les parties s’enchaînent facilement, la mise en place est rapide, l’explication aussi : c’est du tout bon pour moi !
Niveau matériel, on est sur du très simple, mais honnêtement, c’est exactement ce qu’on attend d’un petit jeu à 15 €. Pas besoin de fioritures quand tout fonctionne bien.
Ici, pas de tuiles pour représenter les appartements, mais descartes épaisses, bien plus rigides que des cartes classiques, et c’est le cas pour toutes les cartes du jeu. Un bon point, surtout à ce prix-là. On retrouve aussi des petits meeples tout simples qui font parfaitement le job. Et, fait suffisamment rare pour être souligné : les couleurs sont bien choisies ! Pas de nuances trop proches les unes des autres comme on peut en voir chez d’autres éditeurs, ici, c’est lisible et clair dès le premier coup d’œil.
Et la boîte, parlons-en : compacte, bien pensée, tout rentre pile-poil à l’intérieur. Pour moi, c’est un vrai plus.
Mes Kallax disent merci à l’éditeur !

Room Share, c’est le genre de jeu qui pourrait passer sous les radars… et pourtant, ce serait vraiment dommage. Sous ses airs de petit jeu mignon et chaotique se cache un jeu simple à prendre en main, mais capable de générer pas mal de situations inattendues autour de la table.
Pas besoin de lire les règles pendant dix minutes : on pose des meeples, on provoque des réactions en chaîne, et on essaie tant bien que mal de limiter la casse. On peste souvent quand notre stratégie s’écroule à cause d’une expulsion imprévue, mais c’est justement ça qui fait tout le sel du jeu. L’ambiance prend rapidement, les joueurs se jaugent, se piquent les meilleures places, et les parties s’enchaînent sans temps mort.
À deux, le système de double couleur fonctionne très bien et donne un petit côté tactique intéressant. À quatre, c’est plus chaotique, plus bruyant, mais c’est exactement ce qu’on vient chercher ici : du fun immédiat, des rebondissements, et des petites crasses bien senties.
Alors oui, la règle est un peu dense pour un petit jeu de ce calibre, et les amateurs de contrôle total risquent d’être un peu frustrés. Mais si vous aimez les jeux rapides, interactifs, avec une bonne dose de mauvaise foi assumée et un look accrocheur, Room Share a tout ce qu’il faut pour trouver sa place dans votre ludothèque.

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