© 2021-présent LA TUILE DE JEU
Version 3.20
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Rien ne se plante, tout se négocie !
J’ai toujours eu un faible pour les jeux qui tournent autour de l’agriculture. Que ce soit dans le monde du jeu vidéo avec des titres comme Harvest Moon ou Story of Seasons, ou côté jeux de société avec Agricola (et toutes ses déclinaisons) ou encore Stardew Valley en version plateau que j’adore ou bien Mythwind. C’est un univers qui m’apaise, me parle et que je retrouve toujours avec plaisir.
Alors forcément, quand j’ai découvert Formidable Farm, il ne m’a pas fallu longtemps pour l’ajouter à ma collection. Bien sûr, j’ai pris le temps de lire les règles avant de me lancer, histoire de savoir un peu dans quoi je mettais les pieds.
Et après plusieurs parties, le verdict est clair : je ne suis pas déçu, bien au contraire. La première chose que je me suis dite en jouant, c’est : « Mais c’est tellement simple ! J’ai dû rater une règle… » Eh bien non. Et c’est justement là que réside toute la force du jeu.
Et si un bon jeu, c’était tout simplement ça : une mécanique fluide avec des règles limpides qui procure un plaisir immédiat ? Formidable Farm réussit ce pari avec brio.
Petit livret de seulement 8 pages, mais quand vous commencez à lire les règles, vous vous rendez compte qu’elles tiennent en réalité sur une seule page.
Limite, je peux vous les résumer en une phrase :
« À ton tour, tu fais deux actions dans l’ordre que tu veux : tu poses ton pion sur le plateau et tu effectues l’action, puis tu peux jouer jusqu’à trois cartes de ta main. Le premier joueur qui n’a plus de cartes dans sa pioche gagne. »
Voilà, rien qu’en lisant cette phrase, vous connaissez déjà le jeu !
Alors évidemment, il y a quelques subtilités, mais ici, c’est clair, simple et rapide à lire.
On retrouve dans ce livret un mode solo et sur la toute dernière page du livret les icônes du jeu.
C’est d’ailleurs là que le bât blesse un peu : quand on te prévient dans les règles que tes premières parties seront un peu difficiles à cause des icônes, tu t’attends déjà à serrer les dents. Et effectivement, les deux ou trois premières parties demandent un petit temps d’adaptation.
Mais je te rassure, rien d’insurmontable, on finit vite par les comprendre.
Rien à voir avec Fort (chez Matagot), qui, lui, propose une pléthore d’icônes vraiment indigestes !
Vous incarnez un fermier qui tente de satisfaire les commandes farfelues des villageois en leur livrant les bons produits : blés, tomates, concombres, moutons et cochons. Si vous parvenez à honorer toutes vos commandes avant les autres, vous remportez la partie.
À votre tour, vous pouvez faire jusqu’à 3 actions parmi les suivantes, dans l’ordre de votre choix :
Faire du stock
Choisissez un des 6 emplacements du plateau Hangar pour récolter des produits fermiers (par exemple : 3 blés, 2 tomates, 1 cochon, etc.).
Déplacez votre disque sur un nouvel emplacement libre à chaque tour.
Compléter des cartes Vente
Vous pouvez compléter jusqu’à 3 cartes Vente par tour, depuis votre main ou depuis le marché.
Pour cela, il faut :
- Payer le coût en produits fermiers indiqué en haut de la carte.
- (Optionnel) Récupérer la récompense affichée en bas.
Une fois complétée, la carte est posée face cachée devant vous.
Utiliser vos cartes Vente complétées
Les cartes complétées servent aussi de monnaie d’échange pour déclencher des avantages puissants :
- Rester au même emplacement (2 cartes)
- Aller sur un emplacement occupé (1 carte par disque présent)
- Prendre un produit fermier supplémentaire (3 cartes)
- Piocher une carte Vente (3 cartes)
Chaque avantage a un coût en cartes complétées, que vous placez ensuite dans la défausse.
Réapprovisionner le marché
À la fin de votre tour, si le marché compte moins de 5 cartes, piochez-en depuis la pile marché pour le remplir à nouveau.
Quand la fin de partie arrive...
Dès qu’un joueur a complété toutes ses cartes Vente, on termine la manche en cours.
Si un seul joueur a terminé, il gagne.
Si plusieurs ont réussi, comptez la valeur de vos produits restants :
- Blé = 1 point
- Tomate / Concombre = 2 points chacun
- Mouton / Cochon = 3 points chacun
Le joueur avec le score le plus élevé l’emporte.
Peu d’actions vous sont proposées à votre tour : vous placez simplement votre pion sur un emplacement du plateau pour récolter des ressources, puis vous jouez vos cartes afin de vider votre main et votre pile le plus rapidement possible. Car dans Formidable Farm,il n’y a aucun point de victoire à collectionner. Non non ! Ici, c’est une véritable course contre les autres joueurs.
« Je t’échange deux concombres contre un cochon, parce qu’avec ce cochon, je peux effectuer une commande qui me rapportera un mouton… et ainsi de suite ! » Voilà le genre de logique en chaîne que vous allez répéter avec plaisir.
Vous ne serez jamais réellement bloqué dans le jeu. Il y aura (presque) toujours quelque chose à faire, à échanger, que ce soit avec les cartes de votre main ou grâce au marché commun de cinq cartes. Ce petit côté addictif s’installe doucement, mais sûrement, au fil de la partie. On ressent une vraie satisfaction à compléter des commandes, à optimiser chaque tour, et à sentir la victoire se rapprocher.
Mais, car il y'a un "mais" il y a tout de même une ombre au tableau : les icônes. Elles viennent un peu ternir l’expérience, surtout lors des premières parties. On se retrouve souvent à devoir consulter le dos du livret pour comprendre les effets de certaines cartes ou vérifier si l’on joue correctement un pouvoir. Et c’est bien dommage, car cela casse légèrement le rythme et freine le plaisir. Heureusement, avec quelques parties, ce point s’atténue, mais il peut rebuter certains joueurs lors de la première explication.
Côté mécanique, on retrouve une hiérarchie de ressources bien pensée : les moutons et cochons sont plus rares et précieux que les légumes. Et puis, chaque joueur dispose de quatre pouvoirs spéciaux identiques, qu’il peut déclencher à tout moment de son tour… à condition d’avoir au préalable complété des commandes (ces cartes font office de “monnaie” pour activer vos pouvoirs).
Et là, c’est la fête aux combos : je pose mon pion, je récolte les ressources, j’échange immédiatement pour compléter une commande, qui me donne un mouton, que j’utilise dans la foulée pour une autre commande, j’active un pouvoir pour piocher une carte, oh tiens, elle est faisable ! Et c’est reparti !
Vous l’aurez compris : c’est simple, ça se joue vite et ça donne immédiatement envie d’en refaire une.
C’est un jeu typiquement allemand, ne vous attendez donc pas à trouver un rangement soigné ou des paillettes à l’intérieur de la boîte. Vous y découvrirez une pléthore de ressources en bois, et ça, c’est plutôt cool !
Si vous êtes observateur, vous remarquerez que les moutons sont les mêmes que ceux d’ Agricola (pour ne citer que lui).
Petit point à noter, et c’est assez rare pour être souligné : à l’ouverture de la boîte, une odeur assez forte s’en dégage. C’est peut-être lié à la peinture utilisée sur les éléments en bois.
Bonne surprise : les cartes ! Elles sont de bonne qualité, avec un gaufrage et une finition agréable au toucher, ce qui les rend très plaisantes à manipuler.
Bref, vous l’aurez compris, on est ici sur quelque chose de très simple : cinq morceaux de carton, des cartes, et des éléments en bois. Le tout servi avec une illustration qui, sans me déplaire, a ce style très “allemand”.
Friedemann Friese, le créateur du jeu, prend toujours un malin plaisir à mettre du vert partout dans ses jeux, et surtout à leur donner des noms commençant par la lettre F (comme Friedemann Friese, bien sûr).
J’aime beaucoup cet auteur, qui ne se prend pas au sérieux, et ça se ressent dans ses créations.
Ça me fait d’ailleurs penser à l’un de ses derniers jeux, un jeu de cartes appelé FTW! : la couverture était, disons-le franchement, plutôt moche. Tellement peu engageante que ce n’était pas vraiment vendeur pour le marché français. L’éditeur Matagot avait même proposé de changer le nom et l’illustration… mais l’auteur a catégoriquement refusé ! Fidèle à lui-même, jusqu’au bout 🤭.
Formidable Farm coche toutes les cases d’un bon jeu familial : des règles claires dès la première lecture, une mise en place rapide et surtout, un plaisir de jeu immédiat.
Dès les premiers tours, on comprend où l’on va, on repère les ressources clés, et on commence à faire tourner la machine. Et c’est là que le jeu révèle toute son efficacité : il devient vite fluide, rythmé, presque frénétique quand chacun tente d’enchaîner les commandes avant les autres. On sent une vraie montée en tension à mesure que la pioche s’amenuise. Chaque carte jouée rapproche un joueur de la victoire, et chaque tour compte. Le cœur du jeu, c’est ce sentiment de progression constante, ces petits combos qu’on déclenche à force de bien optimiser son stock et d’utiliser intelligemment ses cartes terminées.
Alors oui, les premières parties sont un peu freinées par une iconographie pas toujours intuitive. On peste parfois en retournant dans le livret pour vérifier tel ou tel effet. Mais ce petit accroc s’estompe vite, et laisse place à une expérience bien huilée. Le jeu tourne, les échanges s’enchaînent, les stratégies se dessinent, et on se surprend à y revenir « juste pour une petite revanche ».
Il ne cherche pas à en mettre plein la vue. Il ne réinvente pas la roue, mais le fait bien. Et parfois, c’est exactement ce qu’on attend autour d’une table : un jeu qui ne prend pas trois plombes à expliquer et qui donne envie d’en refaire une tout de suite.
Formidable Farm, c’est la preuve qu’un bon jeu, ce n’est pas forcément une usine à gaz, mais une mécanique simple, bien pensée, et diablement satisfaisante.
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