© 2021-présent LA TUILE DE JEU
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Videz votre pioche pour gagner !
Il y a des jeux qui bénéficient d’un véritable matraquage médiatique sur les réseaux sociaux, omniprésents dans les stories, les posts et les vidéos, au point qu’on finit presque par les connaître avant même d’y avoir joué. Et puis, il y a ceux qui, à l’inverse, passent complètement sous les radars, sans bruit ni projecteur.
C’est bien dommage, car parmi ces jeux discrets se cachent souvent de très belles surprises, des titres qui mériteraient clairement plus de visibilité. Mais il faut aussi être lucide : à l'approche de Noël, avec plus de trente sorties chaque semaine, il devient presque impossible de tout suivre. Les éditeurs se bousculent, les influenceurs font leurs choix, et certains jeux, malgré leurs qualités, peinent à trouver leur public.
Et c’est justement pour ça que j’aime mettre en avant des jeux comme Duel of Chaos : des titres qui ne font pas forcément le buzz, mais qui méritent qu’on s’y attarde tant ils ont quelque chose à offrir une fois sur la table.
Petit livret de 7 pages, et il faut dire que je suis agréablement surpris. Le livret est clair, bien structuré, et les explications sont relativement faciles à suivre, même si, à certains moments, on a eu quelques petites zones d’ombre au tableau. Rien de bloquant, mais il faut parfois relire un passage ou deux pour être sûr d’avoir bien saisi la logique d’une carte ou d’un enchaînement.
Ce que je trouve particulièrement malin, c’est que le jeu propose un prologue solo. Une sorte de mini-tutoriel qui permet de se familiariser avec les mécaniques sans se noyer dans les détails en une dizaine de cartes seulement.
Franchement, c’est une excellente idée. En à peine quelques minutes, on saisit les bases, on teste des combos, et on sent déjà le potentiel stratégique du jeu. C’est simple, accessible, et surtout très bien pensé, un vrai bon point pour un jeu de ce type.
Pour gagner vous devrez vider entièrement votre pioche mais... En un seul tour !
Oui oui c'est possible...Mais pour y parvenir vous allez devoir recruter de nouvelles cartes, planifier vos enchaînements et optimiser chaque combo de carte.
Et oui !
Au début, le jeu vous propose un petit Prologue. C’est un mini-mode solo avec 14 cartes, parfait pour apprendre les bases. Vous y jouez vos cartes dans le bon ordre pour comprendre les effets de jeu (ceux sur fond blanc) et les effets de réaction (sur fond noir). C’est rapide, malin, et ça vous met directement dans le bain avant d’affronter un vrai adversaire.
Une fois que vous avez compris le principe, place au duel !
La mise en place
Chacun d’entre vous démarre avec une pioche de 10 cartes Émissaire, vos premières troupes du chaos.
Au centre de la table, on forme le Domaine, une ligne de 5 cartes révélées. Ces cartes viennent des clans Drakon et Evine. Ce sont les cartes que vous allez pouvoir recruter au fil de la partie pour renforcer votre deck.
Le tour de jeu se déroule toujours de la même manière :
I. La phase Combo
Vous allez jouer toutes les cartes de votre main, une par une, en appliquant leurs effets. Ces effets peuvent vous permettre de piocher, défausser, réorganiser votre pioche, ou enchaîner des actions. Chaque clan a ses spécificités :
- Les Drakon, par exemple, utilisent le mot-clé "Plan", qui vous permet de regarder les premières cartes de votre pioche et de les réorganiser.
- Les Evine, eux, ont le mot-clé "Appel", qui vous permet d’annoncer un clan et, si la première carte de votre pioche correspond, de la prendre en main.
Le tout, c’est de bien anticiper pour garder le contrôle de votre deck.
II. La phase de vérification
Si votre pioche est vide, bravo, vous gagnez ! Sinon, on continue.
III. La phase de Recrutement
Vous comptez le nombre de cartes que vous avez jouées : c’est votre total de ressources. Vous pouvez maintenant acheter une ou plusieurs cartes du Domaine, à condition d’avoir assez de ressources pour payer leur coût. Ces cartes iront dans votre pioche à la fin du tour, prêtes à être jouées plus tard. Mais attention : plus votre deck grossit, plus il devient difficile de le vider. C’est tout l’équilibre du jeu.
Fin de tour
Vous rassemblez toutes vos cartes jouées et défaussées, vous les mélangez, vous les remettez sous votre pioche, puis vous repiochez 5 cartes pour le tour suivant.
Pendant la partie, certaines cartes spéciales, appelées Interventions, peuvent apparaître dans le Domaine. Elles déclenchent des effets puissants qui modifient parfois les règles du jeu ou “éveillent” les capacités des clans. Et bien sûr, certaines cartes ont des réactions que vous pouvez activer même pendant le tour de votre adversaire.
La partie se poursuit jusqu’à ce qu’un joueur réussisse à vider totalement sa pioche pendant sa phase de combo.
Je vais être franc avec vous : même si Duel of Chaos propose desrègles assez simples à comprendre, il demande une vraie courbe de progression. Mes premières parties ont été, sans mauvais jeu de mots, plutôt chaotiques.
Pourquoi ? Parce que sur le papier, la structure du jeu est limpide, mais le vrai défi vient des effets de cartes. Il faut un temps d’adaptation pour bien les assimiler, comprendre leur potentiel en termes de combos, anticiper les enchaînements possibles… Les quelques mots-clés présents dans le jeu demandent aussi un peu de pratique : il faut souvent les relire plusieurs fois pour bien en saisir le sens et éviter une erreur d’interprétation.
On n’est pas du tout sur la même accessibilité qu’un Star Realms, par exemple. Duel of Chaos n’est pas un jeu expert, loin de là, mais il est quand même bon de savoir dans quoi vous mettez les pieds avant d’y jouer. Ici, pas de points de victoire, le but est clair : vider sa pioche en un seul tour. C’est original, malin, et cette idée m’a d’ailleurs fait penser à Formidable Farm, où la sensation de progression fonctionne un peu de la même manière.
Le vrai point qui, selon moi, alourdit un peu le jeu et casse parfois la fluidité, ce sont les pouvoirs que votre adversaire peut activer pendant votre tour. Je m’explique : vous êtes lancé dans vos combos, tout s’enchaîne bien, votre pioche fond à vue d’œil… et là, votre adversaire intervient :
« Hey ! J’active ma carte ! Elle me permet de révéler les X premières cartes de ma pioche, de les replacer dans l’ordre de mon choix… Oh, et comme on est en phase d’éveil, je peux aussi sacrifier la première carte de ma pioche ! »
Et là, tout s’arrête. Le rythme retombe, vous perdez le fil, et le plaisir du moment s’évapore un peu. Bien sûr, au fil des parties, la fluidité s’installe et ces interruptions deviennent moins gênantes, mais on ne peut pas nier que cette mécanique casse un peu le dynamisme initial. On se surprend parfois à penser : “Pourquoi faire compliqué quand on aurait pu faire plus simple ?”
Côté durée, les parties restent raisonnables. Lors de la mise en place, vous allez créer une pile de cartes et y insérer à des endroits précis des cartes Intervention, qui viendront accélérer la partie en vous offrant des bonus. C’est une bonne idée qui apporte un peu de rythme et de variété.
En résumé, Duel of Chaos est un jeu avec une courbe d’apprentissage un peu raide, qui gagnera en complexité au fur et à mesure des extensions (chaque nouvelle faction ajoutant un mot-clé à maîtriser). Mais si vous passez ce cap, vous découvrirez un jeu riche, malin et vraiment satisfaisant à maîtriser.
Concernant la qualité du matériel, et plus précisément des cartes, rien à redire : elles sont de bonne facture. Le grammage est correct, la finition soignée, et la texture gaufrée agréable en main.
Comme souvent avec les jeux de deck-building, beaucoup voudront les sleever. Ce n’est pas mon cas, pour moi, un jeu est fait pour vivre 😎. Le garder sous plastique pour l’éternité, très peu pour moi.
la boîte de base inclut un booster avec une nouvelle faction. Et comme indiqué dans les règles, le jeu fonctionne mieux avec trois clans. Du coup, dès votre première ou deuxième partie, vous pouvez intégrer ce troisième clan sans souci.
Et pour terminer je fais un petit clin d’œil à l’illustrateur, le seul aux commandes, dont les visuels sont, à mon sens, très réussis. L’univers visuel colle parfaitement à l’ambiance du jeu.
Après plusieurs parties, Duel of Chaos laisse une belle impression. Ce qui frappe d’abord, c’est son idée centrale : vider sa pioche en un seul tour. Simple sur le papier, mais redoutable à maîtriser. C’est original, nerveux, et ça change agréablement des systèmes de points qu’on croise un peu partout. On sent que chaque carte compte, chaque enchaînement a son importance, et cette tension permanente fait tout le sel du jeu.
Le prologue solo est une excellente trouvaille : il permet de comprendre les bases sans se noyer dans les effets de cartes, et d’arriver prêt pour le duel. Plus on joue, plus on découvre la richesse du système et la satisfaction de déclencher une main parfaite. Les illustrations sont réussies et renforcent bien l’univers, même si le thème, lui, reste assez discret pendant la partie.
Côté bémols, la fluidité peut parfois en prendre un coup : les interventions adverses brisent un peu le rythme, et les premières parties demandent pas mal de relectures pour bien comprendre les mots-clés. On sent une légère lourdeur qui s’estompe heureusement avec l’expérience, quand on commence à vraiment maîtriser les effets.
En somme, Duel of Chaos est un jeu à deux intelligent, tactique et gratifiant. Il demande un petit investissement au départ, mais il le rend bien : la satisfaction d’un tour parfaitement exécuté n’a pas de prix. Un joli duel cérébral, à sortir entre joueurs qui aiment se creuser la tête… et savourer la victoire carte après carte.
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