© 2021-présent LA TUILE DE JEU
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Un Día de los Muertos haut en couleurs !
Viva Catrina ne faisait clairement pas partie de mes priorités ludiques.
Les jeux de pose de tuiles, omniprésents sur le marché, finissent souvent par se ressembler, et à force, on a un peu l’impression d’en avoir fait le tour. Entre les incontournables comme Carcassonne ou Kingdomino, et des titres moins connus comme Small Islands, difficile de tomber sur une vraie surprise.
Alors pourquoi ai-je finalement craqué pour Viva Catrina ? Tout simplement parce qu’il coche plusieurs cases importantes quand on cherche un jeu facile à sortir : des règles simples, un prix très raisonnable, et surtout, une direction artistique soignée. Les tuiles, très colorées et pleines de détails, attirent tout de suite l’œil et donnent au jeu une vraie personnalité, là où d’autres titres du genre peuvent paraître un peu fades.
Le livret de règles compte 12 pages, mais pas d’inquiétude, Viva Catrina est un jeu résolument familial, et cela se ressent dès la lecture. Les pages sont très aérées, avec peu de texte, mais beaucoup d’illustrations et d’exemples pour faciliter la compréhension. Résultat : les règles se lisent rapidement, et surtout, s’expliquent tout aussi facilement, même à un public peu habitué aux jeux de société.
Je n’ai relevé aucune difficulté particulière à la lecture, tout est clair et bien présenté. Petit bonus appréciable, on trouve dans la boîte un flyer explicatif sur la Fête des Morts, cet événement très connu de la culture mexicaine qui sert de toile de fond au jeu. Une petite attention bienvenue qui ajoute un brin de contexte culturel.
Vous incarnez les organisateurs d’une grande fête du Día de los Muertos. Votre objectif est simple : décorer votre village de la plus belle manière possible pour honorer les défunts. Ballons colorés, chimères fantastiques, autels fleuris et visiteurs festifs : celui ou celle qui organise la fête la plus éclatante en marquant le plus de points l’emportera.
La partie se déroule en autant de manches qu’il y a de joueurs. À chaque manche, celui ou celle qui a le pion Catrina commence, puis on joue dans le sens des aiguilles d’une montre.
À votre tour, vous effectuez deux actions obligatoires :
1. Vous choisissez une tuile parmi celles disponibles sur le plateau, en prenant uniquement aux extrémités des lignes.
2. Vous placez cette tuile dans votre village, en l’ajoutant à côté d’une tuile déjà posée, peu importe l’orientation.
Sur les tuiles vous allez rencontrer...
Les ballons
Lorsque vous parvenez à connecter trois ballons d’une même couleur à votre tuile Départ, vous prenez la tuile Ballon correspondante sur le plateau : elle vous rapportera des points en fin de partie. Si vous atteignez six ballons de cette couleur, vous retournez cette tuile sur sa face dorée qui vous rapportera encore plus de points.
Les chimères
Pour attirer ces créatures fantastiques dans votre village, vous devrez construire un socle fermé de taille exacte. Il existe deux tailles : petite et grande.
Dès qu’un socle est complété, vous pouvez y poser une chimère de la taille correspondante. Attention cependant : s’il ne reste plus de chimères en réserve, votre socle ne rapportera rien.
Les échoppes
Il existe six types d’échoppes dans le jeu, représentant différents éléments traditionnels : pain de mort, fruits, fleurs de cempasúchil, fanions, bougies et calaveras.
En fin de partie, vous marquerez des points en fonction du nombre d’échoppes différentes dans votre village.
Mais ce n’est pas tout ! À chaque fois que vous posez une deuxième échoppe identique, vous piochez une tuile bonus dans le sac et la posez immédiatement. Cela peut entraîner une belle réaction en chaîne si vous placez plusieurs échoppes identiques dans le même tour.
Papillons et Visiteurs
Les papillons doivent être placés sur des sentiers fleuris reliés à votre tuile de départ pour rapporter des points.
Chacun vous rapporte alors 2 points. De leur côté, les visiteurs vous rapportent 1 point chacun, à condition qu’ils soient sur des chemins pavés connectés à votre tuile de départ. Toute tuile non connectée ne compte pas.
Les autels
Les autels sont des tuiles spéciales qui rapportent des points en fonction de certains éléments présents dans votre village.
Par exemple, un autel pourra vous donner un point par ballon jaune ou par échoppe. Il faudra donc les combiner astucieusement pour en tirer le meilleur parti.
Fin de manche
Quand il n’y a plus de tuiles sur le plateau, la manche se termine. On en pioche de nouvelles, et le pion Catrina passe au joueur suivant. Quand chaque joueur a eu le pion une fois, c’est le début de la dernière manche.
Quand la fin de partie arrive...
À la fin de la partie, lorsque la dernière tuile est prise, on procède au décompte des points. Chacun additionne les points liés à ses ballons, chimères, échoppes, visiteurs, papillons et autels. Le joueur avec le plus grand total remporte la partie.
Ce qui est particulièrement malin dans Viva Catrina, c’est la manière dont le jeu gère le choix des tuiles. Sur le plateau central, on trouve jusqu’à 20 tuiles visibles (à 2-3 joueurs) ou 16 (à 4-6 joueurs). Mais à votre tour, vous ne pourrez choisir qu’une tuile placée à l’une des extrémités de la ligne du haut ou du bas. Ce qui, en général, vous laisse quatre options maximum.
Et ça, c’est une excellente idée.
Ça évite l’effet de l'analysis paralysis qu’on retrouve dans beaucoup de jeux de tuiles avec trop de possibilités. Moins de choix = plus d’efficacité, plus de rythme, et surtout moins d’attente entre les tours.
Autre bonne nouvelle : très peu de contraintes de pose.
La seule règle, c’est que la tuile posée doit être adjacente à une tuile déjà en jeu. C’est tout. Les chemins n’ont pas besoin de se connecter. Vous pouvez construire comme vous voulez, dans le sens que vous voulez, et cette souplesse donne au jeu une vraie liberté de construction. Pas besoin de vous tordre le cerveau à faire coïncider chaque tronçon de route. Mais pour scorer, vous devez quand même faire en sorte que les chemins soient reliés au chemin principal.
Évidemment, Viva Catrina propose une foule d’objectifs différents à atteindre : attirer des visiteurs, collectionner les ballons, poser les bons stands, connecter les papillons, construire des socles pour les chimères… Mais attention : vouloir tout faire, c’est le meilleur moyen de ne rien réussir vraiment. Il faudra faire des choix, accepter de laisser des pistes de côté, et se concentrer sur ce qui est réellement atteignable en une partie.
Et c’est là que le jeu divise peut-être un peu.
Parce qu’étrangement, on n’a pas tant de tuiles que ça à placer au final. On avance, on commence à construire… puis pouf, fin de partie. Et on se dit : «Déjà ? C’est tout ?». On ressent une petite frustration, un côté inachevé, comme si on n’avait pas eu le temps d’aller au bout de notre village.
Alors oui, ça donne envie de rejouer, de faire mieux au prochain coup… mais ça laisse aussi un petit goût d’incomplétude, presque une frustration ludique.
Au niveau du matériel, on est presque tout bon. Les illustrations sont vraiment réussies, pleines de peps, et c’est selon moi ce qui aide beaucoup le jeu à se vendre, avec sa grande accessibilité.
Cela dit, si les visuels sont attrayants, les tuiles souffrent parfois d’une surcharge visuelle. Ce n’est pas toujours évident de repérer certains éléments, comme les personnages sur les routes par exemple. C’est beau, oui, mais pas toujours lisible à long terme, et ça peut nuire à l’ergonomie en pleine partie.
Côté contenu, rien à redire : il y a une vraie variété de tuiles. En revanche, le sac fourni pour les mélanger est un peu trop étroit. Une fois toutes les tuiles dedans, il devient difficile de bien les brasser. Ce n’est qu’un détail, mais si vous ne prenez pas le temps de les mélanger à la main après le dépunchage, vous risquez de piocher les mêmes types de tuiles au début de la partie.
Alors oui, je chipote peut-être, mais ça fait partie du jeu de la critique, dire ce qui fonctionne, et aussi ce qui pourrait être amélioré ☺️.
Heureusement, la boîte propose un rangement interne très bien pensé, ce qui est toujours appréciable.
Bref, pour le prix, on a clairement un produit de très bonne qualité, généreux en contenu et visuellement engageant.
Viva Catrina parvient à se démarquer malgré la profusion de jeux reposant sur la mécanique de pose de tuiles. Accessible dès la première partie grâce à des règles claires et une mise en place rapide, il séduit par la liberté qu’il offre, sa mécanique fluide et sa montée en puissance progressive. La limitation des choix à chaque tour rend le rythme nerveux et agréable, évitant les temps morts. Quant aux petits combos liés aux échoppes, autels ou ballons, ils offrent des moments de satisfaction bien dosés.
Visuellement, le jeu est une réussite : les illustrations colorées et détaillées lui donnent une forte identité. Mais cette richesse visuelle a aussi son revers : certaines tuiles manquent de lisibilité en pleine partie, et le système de score final, un peu dense, pourra en perdre quelques-uns. Autre point à noter : la durée courte des parties laisse parfois un goût d’inachevé, surtout quand on commençait tout juste à voir son village prendre forme.
Malgré ces petits bémols, Viva Catrina remplit parfaitement sa mission : offrir un jeu familial malin, rythmé et visuellement marquant.
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